ACTUALITE Claude Berda, le poil à gratter du PAF

Publié par Woofy

La volonté de TF1 d’acquérir 100 % du capital de TMC et NT1 place sous les feux de l’actualité un personnage aussi atypique que redouté du paysage audiovisuel français, patron tout-puissant du groupe AB, Claude Berda, jusque-là actionnaire majoritaire des deux chaînes.

TF1 réussira-t-elle son opération ? Dans le microcosme, on accorde peu de place au doute : à en croire les observateurs les plus avisés, dans une poignée de semaines au plus tard, AB, le groupe de Claude Berda, qui possède, entre autres, les chaînes RTL9, AB1, AB Moteurs, Animaux, Action, devrait bel et bien céder TMC et NT1.

Du côté d’AB, en revanche, l’on jure, la main sur le cœur, que rien n’est fait, que les affaires sont les affaires, qu’aucun scénario ne saurait être privilégié et que l’incertitude doit conserver toute sa place. Sous couvert d’anonymat, l’un des proches de Claude Berda raconte : « Claude n’est pas du genre pressé. Ce qu’il aime plus que tout, c’est la négociation au long cours. »

Homme d’affaires surdoué, tout à la fois hâbleur et séducteur, instinctif et réfléchi, ce sexagénaire, vendeur de jeans dans le Sentier dans les années 70, au teint toujours hâlé, figure parmi les personnalités les plus secrètes du PAF ; il n’accorde aucune interview à la presse et n’apparaît presque jamais dans les grands raouts des milieux germanopratins. C’est que ce citoyen français, qui réside en Suisse, au bord du lac Léman, une partie de la semaine, a hérité d’un des traits de caractère de nos voisins : la discrétion. « Pour lui, elle est une condition sine qua non de la bonne conduite des affaires », argumente sa garde rapprochée. Sans doute est-ce, d’ailleurs, l’une des clés de son éclatante réussite : en 2008, selon l’hebdomadaire Challenges, sa fortune est estimée à quelque 460 millions d’euros, soit la 83e fortune française tous secteurs d’activité confondus, et la 4e dans l’univers des médias, derrière Serge Dassault (le groupe Figaro), Philippe Hersant (Hersant Média) et Arnaud Lagardère. Mais la discrétion ne serait rien si elle n’était doublée d’un esprit visionnaire : Claude Berda fut un des premiers acteurs du PAF à parier sur l’avenir de la TNT gratuite, en créant la chaîne NT1 et en acquérant, aux côtés de TF1, les parts de Pathé dans TMC. « La TNT, avait-il lâché en 2004, avec la gouaille et le culot qui le caractérisent, c’est un peu comme la Révolution française : une chance de se faire entendre. »

Des échecs, il en aura pourtant connus, et des cuisants, notamment lorsque, associé à son vieux complice Jean-Luc Azoulay, il décidera, fin 1996, de lancer un bouquet de chaînes thématiques sur le satellite, à la barbe de TF1, le principal client d’AB, pour lequel les deux hommes produisent des « kilomètres » de sitcoms, d’Hélène et les Garçons à Premiers Baisers, sans oublier le Club Dorothée. Esprit pourtant affûté, Claude Berda, sans doute emporté par son enthousiasme, avait perdu de vue que TF1 était partie prenante dans l’offre de TPS. Ce qui faisait d’AB un concurrent direct de TF1. Effet immédiat : le carnet de commandes se réduit drastiquement ; la valeur boursière s’effondre à New York ; les gigantesques studios de La Plaine-Saint-Denis se muent rapidement en ville fantôme ; Claude Berda et Jean-Luc Azoulay voient leur rêve de transformer ce coin de la Seine-Saint-Denis en Hollywood à la française devenir cauchemar. Les deux hommes se sépareront, amicalement, pour mieux reprendre du poil de la bête ; Claude Berda recentrera ses activités sur la seule diffusion, tandis que son associé créera sa structure de production.

Assurément Claude Berda n’est pas un créatif, mais un homme pour qui l’argent n’a rien de tabou ; tous les moyens ou presque sont bons pour en gagner : détenteur d’un catalogue de films parmi les importants du marché français, il n’hésite pas à inonder les chaînes de son groupe des plus de 30.000 heures de programmes qu’il a acquis, et amortis depuis longtemps. Et ce sont le plus souvent les mêmes équipes techniques qui interviennent sur l’ensemble des antennes. Objectif : maîtriser au mieux les coûts pour une plus grande rentabilité. En 2008, le chiffre d’affaires d’AB s’élevait à 230 millions, et son résultat opérationnel, à 69 millions d’euros. Capital de départ, en 1977 : 25.000 F, et pas un centime de plus. Une success story comme il en existe peu dans le PAF.

France soir - 11/06/2009


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